J’ai une bonne surprise au réveil, mon tapis de sol est toujours gonflé. La réparation a fonctionné. Je me lassais de le regonfler jusqu’à 4 fois par nuit.
Le tableland caravan Park, à 15 euros, est d’un excellent rapport qualité prix. C’est un petit camping, propre, et le propriétaire est fort sympathique : il nous laissera, les deux belges rencontrées la veille et moi, nous servir dans son mandarinier et nous montrera une belle ‘Golden orb spider’ qui a élu domicile à une vingtaine de mètres de ma tente. Le dimorphisme sexuel est gigantesque : le mâle est le petit trait orange à mi chemin entre la femelle et le doigt.
Je profite de la redescente vers Port Douglas pour m’arrêter prendre des photos du paysage. Un groupe d’une vingtaine de motards en motos d’enduro a fait de même.
J’avais vu un groupe similaire la veille. La région semble avoir beaucoup d’attraits pour les conducteurs de deux roues, à commencer par la pittoresque route pleine de virages que je parcours. Après avoir passé des heures sur des routes droites jusqu’à la semaine dernière, ce terrain de jeu est formidable.
Port Douglas est la ville touristique complète : hôtels de luxes ou campings, bars branchés ou pizzerias, sorties sur la grande barrière ou fête foraine, tout y est présent. Aussi j’ai un mal fou à accepter qu’il n’y a pas un seul magasin qui vende des sd card. Celle de mon appareil photo se remplit à grand vitesse et je n’ai pas assez de temps pour la décharger sur Internet.
J’aurais bien passé plus de temps à profiter de la ville de Port Douglas. L’adorable petite église de ‘Saint Mary by the sea’ a été bien restaurée à l’occasion de son déplacement de la colline à la plage en 1986. A cette occasion, la vaste fenêtre derrière l’autel qui donne sur l’océan lui a donné un certain charme. Je ne la verrai que de l’extérieur: je vais passer plus d’une heure au téléphone à l’entrée de l’église pour convaincre Jetstar, compagnie low cost australienne, de corriger un billet d’avion dont le prénom avait été mal saisi. Sans succès, je devrai payer l’annulation et la prise d’un nouveau billet. Et entre temps l’église a fermé. C’est un signe : après quelques tours dans les rues qui s’animent avec la journée qui s’avance, je me lance sur la route de Cairns.
Je vais progresser très lentement sur cette route qui porte le nom de ‘Great barrier reef road’. Je ne me considère pas en vacances, mais l’attraction de ces plages à quelques dizaines de mètres de la route, sous les palmiers qui bruissent dans le vent marin est magnétique. L’impression d’être dans la carte postale est renforcée par l’absence de baigneurs, découragés par les panneaux avertissant des méduses et/ou crocodiles.
La petite plage de Ellis beach est l’occasion d’une pause snack-noix de macadamia. Elle aurait été parfaite sans deux chiens danois que leur maîtresse laisse vagabonder et viennent renifler ma nourriture. L’eau douce est comptée par ici : la mairie a du retirer les poignées des robinets des sanitaires. C’est surprenant pour une plage à l’orée de la forêt humide, mais il y avait peut être de l’abus.
Un stop à Cairns plus loin, au Harvey Norman du coin (équivalent de nos Conforama) pour attraper enfin une carte sd, je cible maintenant le parc national de Wooroonooran. J’ai envie de me dégourdir les jambes en allant bivouaquer dans la montagne.
Je n’ai pas l’habitude de quitter la moto et je passe donc un bon moment à refaire les sacs. Ne voulant pas laisser de sac non solidaire du véhicule, je le retrouve avec mon sac à dos, ma glacière en bandoulière et mon tapis de sol sous le bras. C’est lourd et cela balance mais je n’ai que 400m de dénivelé et seulement une heure pour les faire, je dois me dépêcher.
Le chemin traverse plusieurs petits torrents et avec le poids qui balance, la lumière qui décline et les pierres très glissantes, je finis par me retrouver assis dans un torrent, de l’eau dans mes chaussures. Zut, j’ai horreur de cela : elles vont sentir mauvais.
La lampe frontale devient indispensable. Je la cherche partout dans mon sac, manque d’oublier mes chaussettes de rechange, m’énerve, commence à parler à mes affaires… je sais que je suis fatigué. Mais j’ai ma carte et sais que le camping n’est plus qu’à 500m.
La progression, de nuit, sur un petit raidillon au milieu des arbres et des rochers est pénible. Mais je finis par atteindre la zone de campement. Le sol sableux est légèrement humide mais je suis soulagé d’être là.
Le contenu de ma glacière n’a pas trop apprécié d’être secoué. Et la banane en particulier à coulé. Même avec la fatigue, je préfère passer un moment à nettoyer car je ne sais pas ce que me réserve demain.
Une fois le campement monté je réalise à quel point le bruit du torrent proche est assourdissant. Mais avec la fatigue c’est le sommeil qui va m’emporter.