Départ avant le lever du soleil pour Broken river. Les nuages obstruent les rayons du soleil et pétrifient les basses montagnes dans une pénombre qui semble préhistorique.
Il fait frais (15⁰) et pourtant je ne trouve pas l’air mordant. J’ai sorti la doublure étanche mais surtout je suis galvanisé à l’idée que je vais à la chasse d’un animal presque mythique tellement il est incongru.
L’ornithorynque est un des animaux les plus étranges d’Australie. Et même du monde. Au point qu’on a d’ailleurs au début cru que les témoignages des premiers biologistes qui les ont observés étaient des plaisanteries. Malgré sa rareté, cet être vivant est tellement insolite qu’il est emblématique et figure depuis 1966 sur la pièce de 20c australien.
C’est une créature d’une cinquantaine de centimètre pour le mâle, une quarantaine pour la femelle pour un poids inférieur à 2 kilos. Elle a une forme improbable, avec un bec de canard, une fourrure de loutre, de larges pattes palmées et une queue plate de castor qui permet de le distinguer aisément du rat d’eau (water rat ou Rakali). Son nom latin, dont dérive le français, signifie ‘bec d’oiseau’ mais les anglophones ont gardé sa première appellation, platypus, dont l’ethymologie provient de ses pieds plats.
Bien qu’étant classé parmi les mammifères, l’ornithorynque pond des oeufs (2-3 par portée). Mais il allaite ensuite aussi ses petits pendant 4 mois. Pourtant la femelle n’a pas de mamelles : son lait coule le long des poils de son ventre.
Chassé pour sa fourrure brune courte et dense jusque dans les années 1920, l’ornithorynque souffre de la destruction de son habitat au point d’être totalement protégé car considéré proche de la menace d’extinction depuis 2019. Le zoo de Taronga a d’ailleurs fait une petite vidéo sur les conditions dans lesquelles ils ont du héberger des individus pour les sauver de la sécheresse et des feux de brousse. Sur terre il est également la proie potentielle des renards, d’oiseaux de proie, des serpents, des rats d’eau, d’anguilles ou encore de la morue de Murray.
Il n’est présent que dans l’est et le Sud de l’Australie. Je l’ai observé dans à Broken river, dans le Parc national Eungella dans le Queensland. Cela a par contre été un échec à Yungaburra. Plus au sud il y en aurait dans la Réserve naturelle de Tidbinbilla, et dans le Parc national de Great Otway ainsi qu’en Tasmanie. Il est moins observé en hiver.
Il réside dans des terriers de 5 a 10m qu’il creuse dans les berges de larges cours d’eau propres et peu profonds. Une bonne qualité de l’eau, plutôt froide, tranquille mais bien aérée, lui est nécessaire pour s’alimenter. Il y cherche des larves d’insectes aquatiques et de vers ou autres invertébrés. Son menu comprend aussi des oeufs de poisson, de petits poissons ou crevettes. Il passe habituellement une trentaine de secondes sous l’eau avant de remonter une dizaine de secondes. Mais au besoin il peut étendre son immersion à une dizaine de minutes.
Le bec de l’ornithorynque ressemble beaucoup à celui du canard à ceci près qu’il est plutôt souple. De plus il contient un système d’électrolocalisation, un peu comme un requin mais avec de l’ordre de 10 fois plus de capteurs que ce dernier. Cela lui permet de se nourrir en détectant les infimes courants électriques produits par ses proies en se déplaçant. Il peut donc chasser même dans le noir ou dans une eau trouble. En fait, ses autres sens sont inutiles et il ferme d’ailleurs les yeux et même les oreilles lorsqu’il nage.
S’il possède des bajoues dans lesquelles il peut stocker sa nourriture, un peu comme le fait un hamster, il a la particularité de ne pas avoir d’estomac. Sans cet organe qui nous permet de broyer notre nourriture avant de la digérer, il est obligé de consommer beaucoup plus de nourriture facilement digestible. Il passe d’ailleurs le plus clair de son temps à manger, au moins un tiers de son poids tous les jours. Il stocke ses réserves de gras dans sa queue.
Comme les autres monotrèmes, l’ornithorynque est un des rare mammifères qui soit venimeux. Ce n’est vrai que pour les mâles ornithorynques qui possèdes possèdent une glande à venin sur des ergots de leurs pattes arrières. Le venin est mortel pour la plupart des animaux, jusqu’à la taille d’un chien. Chez l’homme, le venin provoque une inflammation accompagnée d’une violente douleur qui peut durer plusieurs jours.
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