Selon mon planning, je suis en retard d’un jour. Ce n’est pas grave. Je vais devoir faire une grosse journée sur ce que je vais baptiser la route des mines.
Quelques dizaines de kilomètres de terre et me voilà de retour sur une route digne de ce nom. Plein Nord, direction Port Headland dans 4h. C’est une région où seules les mines, gigantesques, viennent côtoyer les communautés aborigènes.
Les road train de 60m de long sont partout – et jusqu’à 6 remorques – se suivent parfois. Lancés à fond, ils avancent à 80-90 km/h en plaine mais sont des obstacles ambulants dans les montées où, chargés, ils atteignent avec peine les 40.
La route est presque droite, les dépassements aisés. Le vol de carburant doit être fréquent : à la roadhouse d’Auski je dois laisser une pièce d’identité au comptoir pour faire déverrouiller la pompe. C’est la première fois en Australie.
Je dois refaire les courses. Pain, snacks, bananes, lait concentre sucré. Comme d’habitude, tenté, j’ajoute un lait chocolaté, des biscuits shortbread aux pépites de chocolat, un pain pizza et des crackers. Et comme d’habitude cela ne rentrera pas dans la glacière! Il y a des choses que je ne retiens pas. Cet excès de réserve est peut être subconscient. Je sais que la roadhouse de Pardoo a été détruite par le cyclone. Je ne sais pas trop ce que je vais trouver sur mon chemin.
Il est possible que cette ville de mineurs me génère aussi un peu d’appréhension : au centre commercial la police repart comme j’arrive, des gens sont assis à ne rien faire, des jeunes tournent. Je prends par précaution les trois sacs qui ne sont pas solidaires de la moto. Cela fait des semaines que je ne l’ai pas fait. Trois sacs, un casque, je suis chargé comme une mule pour faire mes courses. Je trouve un caddy et met l’ensemble dedans; ça y est, j’ai vraiment l’apparence d’un SDF 😅.
Pour parer à l’absence de station, je prends donc 10l d’essence dans la réserve et le plein d’eau. L’impossibilité de rouler de nuit me gêne lorsque j’arrive le soir. Aussi depuis mon arrivée tardive à Karijini j’envisage de monter des phares additionnels. Je tente d’aller chez Repco pour en trouver. Mais trop tard, ils ont fermé.
Le cyclone a réellement été violent dans la région. Outre les dégâts sur la station essence de Pardoo, il semble avoir peigné la végétation et les poteaux bordant les routes.
J’attaque maintenant un très long tronçon qui coincé entre le grand désert sableux et la plage des 80 miles. Il n’y a pas beaucoup de trafic. Qui voudrait aller de Port Hedland, ville minière sans intérêt, à Broome en prenant une route soporifique? Tout le monde prend l’avion.
Mon camping d’aire de repos, décoré de patates de bord de mer est donc bien calme.