L’usure rapide de mon premier jeu de pneus me préoccupe au réveil. Je mesure la profondeur de l’arrière pour référence : 1,1cm
Je ne dois pa traîner, j’ai 6h30 de route à couvrir. Je me lève donc à 5h45 mais n’arrive à partir qu’à 7h30.
Les panneaux pour rappeler de conduire à gauche sont justifiés; un camping car roule à droite. Coup de klaxon, il a compris.
Les stomalithes d’Hamelin pool sont passionnantes. Les conditionsde salinité de la baie ont favorisé le développement d’un écosystème unique d’algues, de cyanobacteries installé depuis 3,5 milliards d’années. La jetée abîmée est fermée, les jumelles ou un zoom sont bien utiles.
Je fais un bref arrêt à la roadhouse d’overlander. Les libellules y sont nombreuses. Je rencontré Cleve, est en 650 djebel. Il va aussi à exmouth. Avec sur sa moto un skate électrique de 400km d’autonomie sur une charge. Je lui envie son gros réservoir de 520km. Mais il est quand même arrivé à tomber en panne sèche.
Je double une camionnette qui tire une remorque de chèvres. Ballotées de droite à gauche sur des routes si longues elles ne doivent pas apprécier.
Je m’arrête un bon moment à Carnarvon pour faire des courses et visiter le centre aborigène. Ces populations étaient bien avancées sur certains points.
Je repars. J’ai mis mes bouchons d’oreilles. C’est plus reposant. Et je ne me sers pas de l’ouïe sur de tels trajets rectilignes. Un coup d’oeil sur les 3km devant, un autre dans le retro sur les 3km derrière. Rien en vue? Alors je peux naviguer sur mon téléphone, avec quelques précautions : une chèvre sauvage et ses deux chevreaux traversent la route nationale. II n’y a aucune clôture pour les empêcher de vagabonder. On les voit de loin mais les chevreaux ne sont pas dérangés par mon moteur. Je m’arrête pour les filmer.
Je croise le tropique du capricorne. C’est un moment d’émotion gâché par les mouches qui s’agglutinent par grappes sur mon casque. Heureusement elles n’osent pas entrer dedans visière fermée.
Je me dépêche de faire tout le trajet car plusieurs personnes ont évoqué le fait que les routes pourraient être coupées par la police le jour de l’éclipse.
J’arrive enfin à avoir trois jours au one k campground. Je peux justifier de ma présence sur place.
Je vais être pendant 3 jours dans une région isolée et prise d’assaut par les touristes. Par précaution, je prends 14l dans mon réservoir additionnel à Coral bay. Coral bay n’a pas de roadhouse. Le seul service, c’est de l’eau potable à 2 dollars les 10l. Je passe.
Cleve s’arrête aussi. Il s’est fait prendre à 86 au lieu de 60 dans une zone en travaix, ce qui lui a couté plus de 200 dollars d’amende. Je ne suis pas inquiet pour moi : j’ai pour principe de rouler doucement pour économiser mes pneus.
Ma réserve d’essence prend beaucoup de place. J’ai fait une pile de sacs et roule à 95 au lieu se 110 en surveillant mon chargement sans arrêt. Les derniers 120km vont être longs.
Ils vont même être excessifs. Google maps me dit que je vais arriver dans 58 minutes. Pourtant il ne me reste que 40km à parcourir. Cela fait du 40 km à l’heure… c’est la vitesse sur un chemin défoncé… Et en effet, une bifurcation et je me retrouve dans un chemin. Mais il est fermé à la circulation! ‘NO THROUGH ROAD’.
Je reprends le descriptif du camping. En effet, l’accès se fait via Ningaloo, à 71 km plus au sud!! J’en ai pour une heure, rien que pour aller à Ningaloo. L’autre solution est de passer par le Nord, mais avec une traversée de crique qui ne peut se faire qu’à marée basse, et aux risques et périls du conducteur. En temps normal je ne prendrait probablement pas le risque. Avec ma moto de location et en tentant de faire le tour du pays, c’est de la folie.
Départ donc vers le sud. Après 25km, le GPS m’intime à nouveau de prendre un chemin. Je dois avoir 30 minutes de soleil, le GPS me dit qu’il me faut 1h pour aller à Ningaloo. Pas de choix, je m’engage.
Démarre alors une leçon de conduite sur piste. Sur celle ci, il y a trois types de terrain. Le dur, la tôle ondulée qu’il fair passer à 50km/h si l’on ne veut pas faire rebondir le véhicule dans tous les sens et le sable mou. Ce dernier est le plus dangereux. La roue avant part dans tous les sens. Grâce à mes pneus 50/50 l’arrière ne s’enfonce pas trop, à condition de ne jamais s’arrêter mais mon équilibre est précaire. La tôle ondulée est très désagréable et c’est sur un tronçon que malgré mes bouchons j’entends quelque chose qui racle. La glacière est tombée. Elle ne semble pas trop amochée, juste un peu râpée. Je la repositionne sur ma valise gauche et tente de continuer.
Je fatigue énormément. Ma vitesse n’est parfois que de 13km/h, au mieux de 35. Le soleil couché, mon phare soit disant réglé par BMW n’eclaire pas plus qu’avant. A peine 30m en plein phare. A trois reprise, fatigué, je me dis que ce que je fais est stupide, qu’il faut que je m’arrête. Mais je repars à chaque fois avec l’idée de rejoindre au moins la côte. Après un calvaire, j’y arrive. J’ai encore des dizaines de kilomètres à faire. Le terrain devient plus fermé mais moi je suis épuisé. J’abandonne. Je trouve un espace où la route s’élargit. Google appelle cela « Ningaloo Homestead overnight campground ». Ce n’est pas un camping référencé ailleurs mais je ne peux trouver mieux. Je suis déshydraté, les jambes qui flageoles, les bras qui tétanisent et un léger vertige. Pas beau à voir.
Jouvre le top case où je stocke tente et matériel de nuit. J’y avais aussi mis une bière, petit luxe destiné à célébrer l’éclipse. Je ma trouve bien légère. Et pour cause, quand l’appuie dessus de l’air s’échappe. Elle a été percée. Peut être par un piquet de tente? J’ai eu de la chance dans mon malheur : j’avais mis la poche de les habits sales dessous. Il n’y a qu’eux qui nagent dans la bière…
Une des deux bananes dans la glacière n’a pas résisté aux chocs non plus. Et le brie est plus que mûr. Je mange donc ce qui va périr, plus pour éviter de nouveaux désastres que par faim. Deux sandwiches fromage, deux bananes et une fin de bière, on a déjà trouvé mieux comme repas.
Deux 4×4 passent. Puis un troisième. Un quatrième arrive à ma hauteur et s’arrête. Aïe, les rangers des parcs nationaux. J’explique mon problème de phare et que je demande la permission de m’arrêter la nuit pour me reposer. Ils me demandent où je devais me rendre. Ils ne connaissent pas mon camping! Re aïe! Pas de réseau. Petit moment stress mais j’ai enregistré la copie de ma réservation et cela semble leur suffire. Après 5 minutes et en avoir référé au central ils me donnent leur accord. J’évite l’amende.
Cela ne va pas être une super nuit : j’entends des rongeurs qui couinent autour de la tente et les phares des voitures éclairent parfois ma tente dont je n’ai pas monté le toit pour aller plus vite.