Le jour point à peine que je suis débout, excité par cette forêt démesurée. J’explore un peu les environs, le temps est assez sec et sans vent. Adapté pour monter sans un arbre.
Car on peut monter au Bicentennial tree. Il est équipé de ferrailles qui forment une échelle et de plusieurs plate-forme, à 20, 40 et 65m de hauteur. Cette dernière est la plus haute plate-forme dans un arbre du monde.
Les bareaux sont très pratiques, mais espacés de 50cm et sans aucun système de sécurité ils demandent pas mal de confiance et de ne pas avoir peur du vide. A chaque montée je me dis que je m’arrête à prochaine plate-forme. Et une fois reposé, la montée suivante se présente comme une évidence. Une sorte d’attraction enfantine harcèle l’adulte d’aller plus haut. Je tombe ma veste de moto et continue. La vue de la dernière plate-forme, sur plus de 100km de forêts à l’entour mérite définitivement cet effort.
Des garde forestiers soufflent les lambeaux d’écorce d’Eucalyptus qui jonchent le sentier pendant que je redescent. Il n’y a pourtant personne. Les parcs australiens sont décidément bien entretenus.
Je ressors du parc national après une longue piste de terre rouge dont quelques mètres détrempée semblables à ceux de Dargo High plains road ou j’ai cassé une valise me donnent des sueurs froides.
Et parlant de sueur froide, j’arrive avec moins de 30km d’essence – et frigorifié – à Karridale. Arrêt café obligatoire à la station service familiale. Le café très chaud est servi dans une grande tasse, c’est tellement mieux que ces tasses en papier. Je passe peut être une heure à me détendre en chargeant mes photos et mettant à jour mon site. Je repars avec 80g de Biltong, viande séchée proche du beef jerky mais un peu moins sèche. Encore un écart au régime végétarien, mais je voulais goûter et c’est très bon!
La plage de Hammelin bay est connue pour abriter des raies. Je veux aller voir ça. Seulement voilà, il a fait mauvais ces derniers jours des vagues désordonnées secouent la baie. Un vent frais soufle. Malgré cela, la perspective de voir des raies est trop forte. Je passe 20 minutes à m’équiper, appareil photo compris, pour me mettre à l’eau. Je suis le seul et je me rends compte de mon erreur après quelques brasses : l’eau est très trouble, on voit peniblement à 1m.
30 minutes plus tard je suis rincé et sec. Visite de Margaret River. Ce n’est pas un village côtier mais il rappelle pourtant l’atmosphère de ceux des landes. Mon bain m’a fait réaliser que mon maillot est beaucoup trop grand. Je m’en achete un autre au surf shop. Pause milkshake/fudge pour remplumer les abdos et nouveau départ pour Canal Rock, une passerelle au dessus d’un canal qui relie l’océan agité et une baie paisible.
Prochain arrêt, la jetée en bois de Busselton. La plus longue jetée sur poteaux bois de l’hémisphère sud. Je leur fait confiance, je commence à fatiguer et il commence à se faire tard.
Je commence à bien maîtriser le temps avant que le soleil ne se couche, mais je me suis complètement trompé sur les distances pour aller au Belvidere campground près de Bunburry. Il n’y en a aucun autre sur le trajet qui ne nécessite pas de réservation. J’arrive donc à la nuit tombée, sur un chemin de terre, en croisant des voitures qui repartent, sans savoir s’il y aura de la place. Croisons les doigts… Ouf, oui, il y a encore plusieurs places. Et quelques branches de mimosas mortes. Donc un feu pour chauffer mon riz.
J’ai entendu plus de ‘fuck’ que de phrases en arrivant au Belvedere. A la tonalité de la voix, une noire s’enerve contre sa compagne de camping. C’est repoussant. Hereuseusement qu’elles ne sont pas trop proches. Et que je me fais des marshmallows au feu de bois. Je me demande si l’on pourrait en faire des végétariens, sans gelatine?