La première chose que j’ai réservée, connaissant la date de l’éclipse, a été une plongée avec les requins baleines. Le récif frangeant de Ningaloo en abrite de nombreux.
Les requins baleines peuvent faire jusqu’à 18m et vivre plus de 70 ans. Mais sur ce récif ce sont des juveniles entre 3 et 7m. Et se retrouver face à un poisson de 6m, c’est déstabilisant. Leurs mouvements sont pourtant lents et ils sont inoffensifs, se nourrissant comme les baleines de plancton, de krill et d’autres petits crustacés. Pour réduire notre gène, il ne faut pas les approcher à moins de 3m sur les côtés, 4m par l’arrière et ne pas se placer devant.
Dans le bus qui nous amène au bateau la guide fait un sondage pour savoir si ce sont des poissons ou des baleines. Quelques mains se lèvent pour dire que ce sont des baleines. Je suis dépité. Aller déranger dans leur habitat naturel les plus gros poissons du monde, une espèce classée menacée, sans savoir ce que l’on va voir m’offusque. Il faudrait imposer 2h de formation sur ces animaux avant toute plongée. Ce tourisme de masse m’agace, tout comme la lenteur de mes compagnons de palanquée, pour certains à cause de leur surpoids.
Car voir des requins baleines n’est pas facile. Il faut d’abord en repérer un qui ne nage pas trop vite. Un avion tourne pour les trouver et guider le bateau. Un ‘spotter’ se met alors à l’eau pour suivre ses mouvement. C’est Romie, une française en Australie en WHV depuis quelques mois qui joue ce rôle. Selon son comportement, l’ordre est alors donné de se mettre à l’eau : ‘go, go, go. Une course s’engage alors pour nager aux côtés de l’animal.
Bien que cela soient des juveniles, ils sont intimidants. L’agencement de leurs points blancs est différent pour chaque individu. Romie partage ses photos d’une zone particulière devant la nageoire pectorale gauche dans une base de donnés scientifique. Cela permet de suivre la population qui serait de plusieurs centaines de poissons.
L’observation ce jour là n’est pas évidente : beaucoup de requins ont plongé à notre approche. La limpidité de l’eau n’était pas totale, mais même dans des conditions idéales il est inutile d’insister car ces géants peuvent plonger à 2000 mètres.
Nous nous mettrons à l’eau 5 fois, plus une randonnée en palme/masque/tuba le matin.
Je suis vidé. Je peste contre la très mauvaise nuit que j’ai passée sur ma plage. J’avais réservé une plongée en bouteilles l’après-midi mais je demande son remboursement tellement j’ai besoin de dormir. Je fais un somme sur le bateau avant de fêter une journée mémorable.
De retour à terre, cela ne résoud pas mon problème de logement : mon camping est toujours inaccessible. Pas question de renouveler l’expérience d’hier. Cette fois je sors de la ville de 4km, trouve un bout de plage sauvage, mais renonce à cacher la moto derrière un monticule de sable car il est trop mou. Je monte juste la chambre de la tente à l’abri des regards – besoin – de – dormir.