Quittant Tarlee, mon premier objectif est la vallée de Clare, un des berceaux de la production viticole australienne.
Et cela tombe bien : nous sommes en Avril, l’époque des vendanges. A Watervale justement une vendangeuse tractée ramasse du Riesling. La terre est facile à trouver en Australie, aussi les parcelles sont immenses. Les exploitations sont dispersées et séparées par des zones de friches agrémentées de quelques eucalyptus. C’est très dépaysant. En Europe, la culture du raisin pour le vin est lucrative. Une cinquantaine d’années en arrière, le ramassage était manuel. Les parcelles étaient donc à proximité de villages ou de villes souvent prospères. Rien de tout cela ici. La mécanisation permet d’installer un vignoble au milieu de nulle part. C’est surprenant de voir cet éclatement.
En parlant de berceau, voilà justement l’église de St Aloysius construite en 1875. Ce sont les religieux allemands qui ont développé la culture de la vigne à leur arrivée.
J’ai de la chance, bien que nous soyons mardi, elle est ouverte. Nous sommes la semaine sainte, il y a probablement plus de célébrations.
J’ai partagé mon alerte de frein avec mon loueur. Il me dit de ne rien faire faire hors du réseau BMW et de faire valider les investissements de réparation au préalable. Cela ne résoud pas mon problème. Je suis déjà à 200km d’Adelaïde et n’ai pas envie d’y retourner. De plus cela pourrait me mettre en retard pour la révision prévue à Perth. J’inspecte le frein et constate que la pédale est tordue. Elle n’appuie plus sur le contacteur connecté à la centrale électronique. Cette dernière pense donc que le frein est pressé en permanence, ce qui désactivé forcément aussi le régulateur de vitesse. Quelques tractions sur la pédale et j’arrive plus ou moins à la remettre en place. Cela remarche. Je suis soulagé ! Je me voyais mal parcourir les longues distances sans régulateur.
Et des longues distances désolées je commence à en trouver de plus en plus.
Les maisons commencent à changer. Plus pauvres, ce sont des parallelepipedes avec une véranda devant. Une est célèbre, c’est celle qui est sur l’album du groupe australien Midnight oil, ‘Diesel and dust’. Elle est toujours dans le même état, perdue dans un champ, depuis la sortie de l’album en 1987.
L’état d’Australie du Sud est ensoleillé, venté mais peu peuplé hormis a Adélaïde. La production éolienne et solaire sont suffisants pour rendre la région neutre en carbone pour sa production électrique. C’est un cas d’école qui pose par ailleurs d’intéressantes questions de stockage de l’énergie produite. A Mount Bryan, un pâle d’éolienne est l’occasion de décrire cette production.
Les villes sont de plus en plus espacées. Peterborough est une des dernières. Elle s’est développée en.grande partie grace au chemin de fer auquel elle rend hommage.
Méfiants en voyant l’éloignement des village, et des station-services, je remets de l’essence tous les 150km. Je commence à devoir mettre de l’essence ordinaire, avec un indice d’octave de 91 car certaines stations n’ont plus que cela et du diesel.
Arrivé dans les Flinders range, mon objectif n’est pas très défini. Le village de Blinman et son hôtel pour dîner ? Je croise mon premier emeu qui se pavane sur la route et ne s’enfuit que lorsque je ralentit. Stupide volatile : c’est l’inverse qu’il faut faire.
Un volatile de 1m50 cela se respecte. Je l’ai évité. Par contre je touche un oiseaau avec le pied à 80 à l »heure. J’espère ne pas lui avoir faitctrop de mal.
Des oiseaux, il y en a beaucoup à Wilpena. Des perruches vertes qui mangent les baies sur les arbustes. Je n’en ai jamais vu autant. Les cacatoès sont nombreux également mais plus craintifs.
La balade pour aller à Wilpena pond fait 3km. Dernière les nuages, le soleil est bien descendu sur l’horizon. Pourtant il me faut continuer pour ne pas prendre du retard sur l’itinéraire. Blinman est trop loin mais j’ai entendu parler de Brachina gorge qui me permettrait de faire une boucle et revenir par la Ghan-Ulysse way.
La Brachina gorge est sûrement parmi les plus belles routes (chemin en fait) d’Australie. Elle serpente entre des falaises rouges sombre, saute le torrent à sec. Un régal pour les yeux. Mais elle est longue.
Il est vraiment tard, je veux m’arrêter dans un camping du park de Flinders. Les australiens sont certainement mieux organisés que moi car je n’ai pas le réseau indispensable pour réserver. Dommage, je continue.
Quelques gouttes tombent et je suis bien loin de tout camping gratuit…
A nouveau, je me retrouve à conduire de nuit avec un feu mal réglé et avec des kangourous qui traversent la chaussée. Je m’étais pourtant promis de ne pas recommencer!
J’atterris dans une aire de camping sauvage, vide, pleine de cailloux. De nuir, je ne sais pas où m’installer. Le vent t emporte le toit de la tente que je m’évertue à monter à la lumière de la frontale.
Au moins, c’est d’un calme royal. Seul un criquet. Et au loin un camion passe à peine toutes les demi-heures : personne ne conduit la nuit en Australie.