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Cape le grand


Réveil à 4h45. C’est tôt mais j’ai une grosse journée devant moi.
Je vais à Lucky bay avec le soleil levant.
J’arrive à cape le grand. Deux gros kangourous gris quittent le macadam en urgence en m’entedant arriver. Deux émeus prennent aussi peur en les voyant et se mettent à courrir lorsque je ralentis. Splendide mais trop tard pour la photo.
J’arrive à Lucky beach, coin de paradis sur terre.

Après les photos d’usage, y compris avec la moto sur la plage, les véhicules y sont autorisés, je découvre que ma chaîne est totalement détendue. Jonathan l’avait pourtant retendue à Melbourne dans les règles de l’art. J’avais remarqué qu’elle se détendait, mais là c’est trop. Je vais user mes couronne et pignon. Ou pire, si je ne fait rien. Aïe : je n’ai pas la clé nécessaire pour déverrouiller l’axe de roue. Bricolage improvisé sur le parking de la plage : je tente de retendre la chaîne quand même, cela a l’air d’aller mieux. Il faudra que cela fonctionne une petite semaine, le temps que j’arrive à Perth pour la révision des 30000km.

Je suis passé à côté du Frenchman peak, le plus haut point de la zone. Il m’attire. Quel dénivelé? A peine 262m. Soit disant 3h aller retour, je dois pouvoir le faire en 1h30. Go fetch.
La montée est rude, sur un rocher très abrasif et pentu. Mes chaussures mixtes moto/rando accrochent le terrain  comme des chaussons d’escalade. C’était vraiment un bon investissement.

De retour à Espérance, je me pose pour relire le journal de bord du capitaine Joseph Antoine Bruni d’Entrecasteaux, à la tête de deux bateaux, la Recherche et l’Espérance, et qui nomma cette baie.

Extrait du journal de bord du 9 décembre 1792:

« A neuf heures quelques îles furent laissées à tribord; à mesure que nous avancions on en découvrait de nouvelles, et enfin à onze heures nous en fûmes environnés. Nous vîmes toutes ces îles entourées de récifs; et comme la mer était assez grosse, il nous parurent former dans l’Est une chaîne non interrompue, qui ne laissait aucun espoir de trouver un passage. Il fallut venir au plus près, pour tâcher de sortir de cet archipel en louvoyant. Mais à cette époque le vent tourna au Sud-Ouest; il s’accrut successivement, et devint si impétueux, qu’à trois heures nous fûmes obligés de serrer les huniers, malgré la nécessité où nous nous trouvions de faire de la voile. L’espace entre la terre et les îles était étroit; on faisait de très courtes bordées; nous allions inévitablement en dérive. L’Espérance, qui portait la voile moins bien que la Recherche, prit de bonne heure le parti courageux, mais indispensable, de laisser arriver, et de longer les récifs pour chercher un abri derrière quelque île, ou du moins une issue au travers des écueils. Nous la vîmes parcourir sous la misaine la chaîne de brisans, et passer devant quelques îles; enfin, à trois heures et demie, nous l’aperçûmes qui mouillait dans un endroit que nous jugions découvert de toute part. La nuit, qui nétait pas éloignée, nous eut laissés sans ressource, et il n’y avait plus à balancer pour prendre le même parti que l’Espérance. Nous examinâmes cependant sa position; et après nous être assurés qu’elle tenait sur ses ancres, nous allâmes la rejoindre.

En approchant du mouillage, nous vîmes avec satisfaction que la mer y était moins grosse qu’au large, et que nous y serions abrités par une petite île et par plusieurs récifs. L’Espérance nous signala en même temps que le fond était de bonne qualité. Nous laissâmes tomber l’ancre un peu en dedans de cette frégate, par 23 brasse de fond de sable fin. Trois grosses ancres étaient parées; la première chassa, la seconde nous fit faire tête; le vent était si violent et la mer encore si agitée, qu’il parut indispensable de mouiller la troisième ancre. On cala promptement les mâts de hune, mais les tangages étaient si forts, que des haches furent portées sur le pont, afin de couper la mâture, si les ancres n’eussent pas tenu. Le vent continua avec la même force toute la nuit: le baromètre, qui avait baissé considérablement dans la soirée, commença cependant à remonter et nous fit esprérer le retour du beau temps.

Le lendemain, le vent et la mer s’apaisèrent par dégrés, et la communication entre les bâtiments devint possible. M. Huon m’envoya prévenir que les deux barres du gouvernail de l’Espérance s’étaient rompues depuis qu’il était au mouillage, que l’étambot avait été ébranlé par les violentes secousses du gouvernail, et qu’enfin la chaîne d’une de ses ancres était cassée […].

La position extrêmement critique où les deux frégates s’étaient trouvées, nous rendit précieuse la découverte de l’abri où nous jetâmes l’ancre le 9 Décembre. J’ai cru devoir donner à ce mouillage le nom de baie de l’Espérance, de celui de la frégate qui y était entrée la première. »

La Recherche, quant à elle, laissera son nom à l’archipel situé au Sud Est d’Espérance. Quels équipages formidables!

Je fait un stop au ‘Pink lake’ de Espérance. Sous certaines conditions, certains lac salés prennent une couleur rosâtre à cause d’algues en suspension. Mais le nom est ici trompeur : le peu d’eau est bien bleue.

Quatre heures de trajet m’attendent. Le dos bien calé contre ma glacière, je pourrais en faire le double sans effort, tant les conditions sont bonnes : temps sec, quelques nuages, 22⁰.

Le matin j’ai réservé rapidement un camping à côté des stirling range. J’ai donc un but à atteindre. Il est 17h, le jour commence à tomber, tout comme mon niveau d’essence. Je passe en station avec 130km d’autonomie, j’en trouverai d’autre. 70km d’autonomie pour la suivante, mais elle est fermée, we de Pâques oblige? La suivante est ouverte 24/24 très bien. Ah, mais elle n’a que du diesel! Il ne m’en reste plus qu’une sur mon trajet. 35km de capacité et elle… est fermée :’ -(.

Tant pis, je vais au camping improviser. Je demande autour de moi si quelqu’un peut me dépanner, mais tout le monde fonctionne au diesel.

J’apprends de plus que les sommets de la chaîne des Stirling range sont couverts de nuages le matin. La barbe, moi qui veux aller y randonner tôt le matin, je ne vais rien voir ! La météo n’est pourtant pas trop pessimiste. Mais comme elle ne l’est jamais assez. Dilemme : je monte ou non?

Que faire?! Il y a 16km pour l’aller-retour. Puis 8km pour revenir à la station qui n’ouvre qu’à 9h. Je ne vais pas y arriver. Vincent pense à la meilleure option : je fais une partie du trajet et m’arrête lorsque la jauge me dit que je ne peux plus revenir à la station service.

Avec la météo, je ne sais toujours pas si je monterai au moment de m’endormir


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